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N55: Aventures et mésaventures d'une mouche

MANUSCRIT N°55 Aventures et mésaventures d'une mouche Enfant 1ER PRIX LAUREAT AVENTURES ET MESAVENTURES D'UNE MOUCHE Des larmes coulaient de mes milliers d’yeux.  Ce dimanche, 10 heures sonnantes, tout le monde était réuni au cimetière de l’église. Devant le cadavre de ma mère, nous toutes, muscas domesticas, nous sentions emplies par le même sentiment: la haine.  La haine des humains, qui avaient tué, sans pitié, à coups de tapette, une pauvre mouche sans défense qui cherchait seulement à nous ramener une petite friandise, un petit grain de sucre. Dire qu’elle n’aurait pas fait de mal à une mouche!  Dès le lendemain matin, après une journée de deuil, je mis au point un plan: je voulais me venger et tuer (ou au moins pousser à bout) ces humains dégénérés. J’allais voir mes deux frères, Bzzzzz et Bzzzzzz, et d’autres cousins, pour créer la LCLHF (la Ligue Contre Les Humains Féroces).  Dès le dîner, nous nous sommes mis au travail. Le couple de la maison était attablé, d

N33: De mère en fille...

MANUSCRIT N°33 La Magicienne Enfant 1ER PRIX LAUREAT DE MÈRE EN FILLE…  Je ne sais pas pourquoi, Maman, elle ne veut pas que je mette son déguisement de magicienne de quand elle était petite.  Pourtant, il est joli il est pile à ma taille et il n’est pas fragile. A chaque fois que je lui demande, la même réponse sort de sa bouche : « NON ».  C’est pas juste, mon frère Gaston lui, il a un déguisement de magicien et il le met sans demander la permission ! A chaque fois il essaie de me transformer en bouc mais ça ne marche jamais évidemment.  Chaque jour je bouillonne de plus en plus. J’ai tellement envie de l’essayer…  Aujourd’hui (samedi), Maman est partie. Elle est allée voir Mamie qui est très malade. Gaston et moi on ne peut pas aller la voir, Maman dit qu’on pourrait attraper sa maladie.  Donc, comme vous l’avez deviné, je file discrètement dans la chambre de Maman, je prends le déguisement de magicienne et je l’enfile, puis je prends la baguette magique.  Ensuite, je vais dan

N61: Jade

MANUSCRIT N°61 L'Homme qui se tait Adulte 3EME PRIX LAUREAT JADE Benjamin a quarante-trois ans. Quelle importance, me direz-vous ? Aujourd’hui, Benjamin a quarante-trois ans. Dans dix ans, cinquante-trois années de vie. Quelle importance, me direz-vous ? Benjamin a toujours détesté fêter son anniversaire. Il trouve le concept complétement stupide. S’il le pouvait, il fêterait sa non-existence au monde. Ça n’existe pas. Mais l’étau qui se resserre encore et encore, persiste, lui. D’abord autour du cœur, puis des poumons et enfin de la gorge. Sensation connue et redoutée. Signe d’une détresse qu’on ne veut pas voir, qu’on refuse de laisser subsister. Par moments, il se sent tellement broyé qu’il pourrait plonger sa main dans sa poitrine et tout arracher, pour que ça s’arrête enfin. Ou hurler jusqu’à en perdre la voix. Courir ? Il ne sait pas. Il ne sait plus. En attendant, il reste là, immobile. Devant la porte.  Jade a quarante ans. Elle adore les anniversaires, et le sien p

N38: L'Homme qui se Tait

MANUSCRIT N°38 L'homme qui se tait Adulte 3ème PRIX LAURÉAT L’HOMME QUI SE TAIT « Vous allez devoir quitter ce logement d’ici deux jours, monsieur. Je suis navrée, mais si vous ne le faites pas, je me verrai dans l’obligation d’appliquer les sanctions qui s’imposent. Se loger a un coût. Vous avez déjà été prévenu. » L’homme observe l’huissière qui vient de lui adresser froidement ces paroles, il semble sonder avec curiosité le regard de celle qui s’applique à figurer tant bien que mal l’autorité qu’elle représente. Parfaitement bureaucratique, éviter surtout l’humain, cela ouvrirait la porte à la vulnérabilité. L’homme la regarde encore, sans parler, inclinant très légèrement la tête à droite, ses yeux grands ouverts. L’huissière semble déstabilisée par cette absence de réaction, de paroles, de supplications, de tentatives de négociations, de révolte, de colère, ou même de pleurs. Rien. L’homme ne dit toujours rien. Il observe, avec toujours la même étincelle dans le regar

N14: FS - 0X01

MANUSCRIT N°14 L'homme qui se tait Adulte 2ème PRIX LAURÉAT FS – 0X01 Je sors en trombe de la pièce, le dossier sous le bras. La porte se referme derrière  moi avec un chuintement de vérin hydraulique. Je garde la tête basse et j’avale les couloirs  de la base à vive allure. Quelques subordonnés me saluent respectueusement. Il faut que  j’atteigne le hangar avant que tout soit découvert. Par un des hublots vitrés, la lumière  aveuglante de HX-674 me frappe en plein visage et m’éblouie. Cela fait longtemps que nous  avons arrêté de nommer les étoiles, pourtant celle autour de laquelle nous orbitons  actuellement aurait mérité un nom spécial. L’extrême limite de notre galaxie. La frontière  entre notre Voie Lactée si dense en matière, et le vide absolu.   La chaleur du rayonnement de HX-674 me fait battre les tempes, et j’entends les  battements de mon cœur résonner dans ma tête. La dernière porte avant le hangar se  trouve devant moi. S’ils ont désactivé mon badge, tout est foutu. U

N11: Cabaret Sauvage

MANUSCRIT N°11 Cabaret Adulte 1er PRIX LAURÉAT CABARET SAUVAGE Il jette un coup d’œil dans le miroir. Sous l'épaisse couche de maquillage, sa bouche tente un rictus. Les murs résonnent encore des applaudissements frénétiques des spectateurs, tous debout. Leurs mains qui frappent, leurs pieds qui tapent à faire trembler le théâtre. Un mal de crâne s'est installé dans ses tempes, pulse au-dessus de ses yeux et descend jusque dans sa gorge, remplace les clameurs du public. Il prend un coton, l'asperge de lotion démaquillante. D'abord les yeux, puis le teint. Il prend son temps. Retrouver figure humaine, c'est compliqué. Certains soirs, il n'y arrive pas. Il reste coincé dans son maquillage, enfermé dans son vanity avec ses faux cils et ses quinze rouges à lèvres. Aujourd'hui, la migraine l'aide à garder les pieds sur terre. Sa tête ne fait qu'un avec les morceaux de coton qui passent sur son visage et s'entassent en pyramide sur la table devant lui.

N71: Par ma fenêtre

MANUSCRIT N°71 Par la fenêtre Enfant 2ème PRIX LAURÉAT PAR MA FENÊTRE L’histoire que je vais vous raconter peut paraître imaginaire mais elle est bien réelle. Moi, Sébastien Rokofi, vous donne ma parole ! Cette histoire s'est passée dans les Alpes françaises. Ce fut un matin comme les autres, où j’allais à la ville vendre mon lait et ma viande de yack. Mais bizarrement, ce matin-là, j’avais une flemme phénoménale, comme si mon esprit se disait qu’il fallait que j’attende quelque chose. Et là, soudain par la fenêtre, je la vis. Une magnifique louve blanche ! Tout le monde la connaissait, elle volait le bétail et agressait les fermiers. Mais bizarrement, elle ne s'attaquait qu'aux plus riches et empêchait les autres carnassiers de dévorer les bêtes des plus pauvres. J’ignorais ce qu’elle me voulait, mais une irrésistible envie me disait de m’en approcher. Je luttai mais finalement, cette envie prit le dessus et je partis à sa rencontre. Je m’armai de viande et m’

N70: Et si on changeait les rôles ?

MANUSCRIT N°70 Si on changeait les rôles Enfant 3ème PRIX LAURÉAT ET SI ON CHANGEAIT LES RÔLES? Par un matin de mars, Tomas, un jeune enfant de huit ans, se réveilla aux aurores pour regarder Sandrine, sa mère, partir à l'hôpital où elle exerçait le métier d'infirmière. C'était une grande femme de quarante-deux ans, aux cheveux blonds et frisés, musclée avec une peau claire tirant sur le marron. Peu après le départ de sa mère, sa grande sœur Jeanne, de douze ans, vint le voir et lui dit : « Retourne te coucher, il est à peine huit heures du mat'.  Elle était petite mais musclée comme sa mère, contrairement à son frère qui était grand, très peu musclé mais malin. Elle était blonde, et lui brun comme son père, chacun était très fraternel envers l'autre. - Je sais mais j'ai peur pour maman ! gémit-il.  - Mais pourquoi donc ? dit-elle en se calmant.  - Parce que, hier, je l'ai entendue dire qu'elle avait un patient très malade à l'hô

N68: Ma musaraigne

MANUSCRIT N°68 Derrière le masque Adulte 1er PRIX MA MUSARAIGNE Quelle était cette musaraigne blottie dans l'ivoire de ma mémoire ? Défense d'éléphant et puis quoi ? Défense de tout ! Il fallait prendre la masse, le burin, défoncer tout, et tout c'était vingtsix ans de mensonges dont au moins vingt de cru, de su et de subi, j'en avais assez vu. Me soucier de ma voie, chanter avec mes pleines perspectives, il était temps. Cette musaraigne revenait grignoter sous mon front, refuserait de me laisser en paix tant que je n'aurai pas dit qui j'étais. Le tournant de ma vie ressemblait étrangement à une comptine mais j'étais fatiguée de compter justement les coups d'entaille portées à un moi que je voulais plus fière, moins incertaine. Je commençais à trouver que je méritais mieux que mon adolescence mensongère, mon enfance aberrante, mon émancipation anxieuse. Il était temps. Musaraigne, musaraigne, ça n'était pas un nez mais un museau, vraiment