N82: Journal d'une ombre ayant retrouvé sa lumière

MANUSCRIT N°82
Derrière le masque
Adulte

JOURNAL D'UNE OMBRE AYANT RETROUVÉ SA LUMIÈRE


- Mais merde ! Est ce que tu te rends seulement compte du mal que ça me fait de vouloir t'aider. Est ce que tu réalises à quel point ça me fait souffrir de te voir chaque putain de jour de ma vie merdique?! De te sourire, de sourire à tout le monde et de dire simplement " oui ça va ". Cette question, j'ai arrêté de compter le nombre de fois où on me l'a posée. J'ai arrêté de faire l'effort d'y répondre par le fantôme d'un sourire.. à quoi bon sourire, lorsque la seule envie qui nous hante est celle d'être à nouveau en paix avec nous même, celle d'être heureux. Je crois l'avoir oubliée…
Avoir oublié quoi ? Me demanderez vous. Je crois avoir oublié ce que l'on ressent lorsque qu'on est vraiment heureux. 
Pourquoi me poser "la" question. Alors que vous êtes conscients du mal qu'elle me fait endurer. Pourquoi me demander si je vais bien, si je tiens le coup, alors que j'aimerai être ailleurs, dans une autre vie, qui cette fois pourrait m'apparaître comme étant réellement la mienne. Ne voyez vous pas ce putain de masque que je porte tous les jours ? Ne voyez vous pas la diversité de personnalités avec laquelle je vous manipule ?

Malheureusement, un jour, ce jour... 
Malheureusement le masque ne colle plus. 
Lorsque la base est trop abîmée, détruite, anéantie...alors même le mensonge ne suffit plus à cacher le chaos qui règne sur celle qui est et devait rester cachée. Cette face que je m'efforce de garder enfouie depuis si longtemps. 

Ce matin là, un mot de quiconque aurait pu faire apparaître un potentiel sourire forcé sur mon visage, comme chaque matin, chaque midi, chaque soir. Mais il a fallu que les premiers mots que j'entende viennent de toi, viennent de cette personne qui avait pu voir derrière ma "joie'', qui avait su lire en moi à quel point j'étais au plus bas. Mais non, il était écrit que tu briserais ce visage derrière lequel je me cachais devant tant de personnes. Il t'était destiné de briser tout ce que j'avais pu construire, toute ces façades plus ou moins élaborées afin de me protéger... Non pas des autres mais de moi même. Tout cela, tu l'avais vu en moi, j'étais pour toi un livre ouvert, alors que, pour tout autre être qui tentait de me connaître, j'étais cette fille fragile et sensible, souffrant de sa rupture et vexée par le fait d'avoir été remplacée d'un claquement de doigts.
Mais honnêtement, quand je vois à quel point, chacun des esprits qui entourent cette fille, sont pathétiques, ignobles, suffisants, superficiels et hypocrites; cela ne donne que l'envie de s'esclaffer, de partir dans un déluge de rires, ne s'achevant que dans un flot interminable de larmes. 
De la pitié ? Non. 
De la compassion ? Non. 
De la compréhension ? Non. 
De l'aide ? Non.  
Rien ne peut sauver cette âme en peine, errant, seule, dans cette obscurité dans laquelle elle s'est enfermée il y a déjà trop longtemps de cela pour pouvoir s'en détacher. 
Te rends tu compte, de la misère dans laquelle je me noie depuis maintenant presque une année. Une année bercée par de douces illusions. Ces illusions, menées d'une main de maître et touchant, au plus profond, un être fragile ne pouvant supporter une débauche de plus. Cet être brûlé, rongé, par la culpabilité.. celle de croire en ses propres tours, cette culpabilité de devenir la fille qu'elle prétend être aux yeux de tout le monde. 
Un battement, un seul, et puis, une fois raté, il peut finalement mener cette fille le long de cette ligne droite. Cette ligne menant vers un pays dépourvu de préoccupations futiles, de questionnements inutiles, ne provoquant qu'un égarement encore plus éloquent. C'est enfin la liberté qu'elle espérait au plus profond d'elle même. La voici enfin, la liberté de choisir ce dont elle se souvient, de choisir les souvenirs qu'elle veut garder et auxquels elle veut penser. Car oui, dans ce nouveau monde, auquel désormais elle appartient, elle est seule face à elle même, et face au visage de son choix. Celui qui représentera sa liberté, sa joie, sa tristesse, son envie, sa passion, son désarroi, sa face cachée. Celui qui représentera la véritable identité qu'elle ignore et dont elle nie l'existence. Celui qui sera la vraie Julie, qui ne sera plus que la lumière n'ayant que trop peu brillé face à toutes les ombres présentes sur le noir tableau de son existence.

- Julie Cresto-Aleina

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