N39: Derrière le masque

MANUSCRIT N°39

Derrière le masque

Adulte

DERRIÈRE LE MASQUE

Derrière le masque, la guerre....toute une multitude de trucs invisibles, genre virus à repousser. 

Coûte que coûte, protéger son souffle....garder les poumons à pleine capacité, les régaler d'un air aussi pur que possible. 

Que le masque soit ricanant ou pas, il faut respirer, mais de façon méfiante.... attention à ses mains....ne pas se toucher... 

Des yeux perçants, regard à 360 degrés, aux aguets...

Attention, j'ai touché un homme, une femme, un enfant... 

Ai-je bien obéi avec cette nouveauté des "gestes barrières", barricadée derrière le masque, la frousse planquée derrière ce rectangle de défense? 

Je me protège de toi, des autres, de moi.... 

Méphistolès jubile, maître de la grande loterie. 

Tout un monde sous burqa en papier. 

Le monde en chaos, un gigantesque carnaval universel.... 

Le ridicule des masques "becs de canards" ne tue pas. 

Parfois des yeux rieurs accompagnent les cernes de ceux qui sont sauvés. Des perles de sueur se croisent le long des tempes , entre les yeux, sur le nez des soignants. 

Des bouquets de poésie et d'humour derrières des masques aident à lutter contre le stress, l'évidence de la mort qui rôde.. 

Même des rencontres inconnues, dans une rue déserte, une jeune fille brune, des yeux noirs promène son chien... Elle croise le regard d'un voisin jusque là ignoré. 

Un échange de regard immédiatement complice, seul les hauts des visages sont visibles. Une étincelle dans les yeux de chacun...lui guettera désormais de sa fenêtre l'heure de promenade du brave toutou et de sa jolie maîtresse.  

Des rendez-vous faussement spontanés auront lieu, à distance, chacun sur son trottoir, de la distance avant toute chose....mais une promesse dans l'air, devinée, bientôt on pourra tomber les masques.

Ils découvriront leurs sourires, sans masques, sans fard, et enfin les lèvres se joindront, d'abord timidement, puis avec passion, sans peur, le grand oui à la vie , l'amour. Les masques redeviendront déguisements dans de grandes farandoles , au gré des fêtes célébrant enfin l'espoir...   

- Catherine Perreton-Marchet