N25: La Primavera

MANUSCRIT N°25

Derrière le masque

Adulte

LA PRIMAVERA

Le confinement avait commencé pour moi, dans la détente avec cette joie enfantine de retrouver le jardin, de le bichonner, lui ce jardin que je laisse si souvent à l’abandon, de gratouiller la terre à genoux, à pleines mains pour planter les dahlias et des graines de tournesol pour qu’elles me fassent des grands soleil cet été ! Puis des symptômes sont apparus avec la suspicion, et la décision de confinement, seule dans une chambre avec un masque pour ne pas contaminer l’autre. De ma chambre confinée où je vis seule depuis maintenant quelques jours, je regarde par la fenêtre mon griottier en fleurs, aérien, léger, luxuriant et cela illumine mon cœur. 

Si je regarde un peu plus loin, je vois chez ma voisine des tulipes rouges qui lèvent la tête, curieuses peut-être d’entendre ces petits oiseaux qui sifflent le bonheur ; au milieu des feuilles vertes, jaillissent les iris violets qui sentent si bon, enfin je crois les sentir même d'un peu loin. …La nature impétueuse est là avec nous effleurant nos cœurs, impérieuse se moquant de ces mauvais temps avec ce virus arrogant, menaçant qui nous dit "reste à l'intérieur ! ne regarde plus les fleurs ! "

Le printemps est là, et dans mon cœur, je chante pour moi, pour vous, dans cette langue qui m’est chère, viva la primavera, viva la vida ! 

Viva la esperanza! 

Oui il y aura des jours meilleurs, des jours de fête et nous fêterons ensemble le vent, la liberté, le soleil. 

Ce printemps nous rappelle que nous sommes tous, les fils et les filles de notre mère à tous, la Mère Terre et que nous devons l’aimer, ne plus l’exploiter, mais la respecter avec beaucoup de tendresse et d'amour ! Oui le printemps est là, il surgit de partout comme Perséphone qui du fond des ténèbres des enfers, jaillit vers la terre pour rejoindre sa mère, notre terre mère DEMETER, déesse grecque de la terre, du blé, des récoltes pour nous apporter à tous ce printemps tant attendu et l’espoir dans les cœurs des hommes. 

Malgré la distance, nous sommes comme le printemps, nous jaillissons avec nos voix les uns vers les autres et nous créons ensemble un arc-en-ciel, de couleurs, de pluie et de soleil.

- Gisèle Guyon de Chemilly