N16: Derrière le masque

MANUSCRIT N°16
Derrière le masque
Adulte

DERRIÈRE LE MASQUE

Derrière le masque !
Derrière les grimaces ou les apparences, derrières les tabous ou de vieilles certitudes, derrière les « on dit » ou les « je sais que »... se cachent bien souvent milles réalités, toujours colorées, lumineuses... et si différentes de la peinture du masque.
S’il est une culture qui se cache derrière ses masques, c’est en Afrique qu’il m’a fallu l’apprivoiser en enlevant moi même le masque blafard de la civilisation occidentale.
Et c’est ainsi, totalement nu et après avoir ôté tous les attributs d’une culture personnelle et encombrante, que j’ai pu à mon tour au gré de rencontres magiques, me laisser moi même amadouer. Bas les masques donc ! sans maquillage, délivrons nous et livrons nous les uns aux autres !
C’est souvent le hasard qui stimule les rencontres, celui d’une halte au village, dans une famille encombrée d’enfants et ce fût une épreuve... pas dans le sens d’une difficulté à surmonter, mais une épreuve au sens d’un rituel initiatique, pour passer d’un statut de touriste, à celui de visiteur, puis celui d’un complice, d’un ami... Accueilli dans cette humble famille, les enfants ont fini par m'apprivoiser. La petite, encore presque un bébé, m'envoûtait d’un regard hypnotique. Elle venait poser son nez sur le mien tout doucement, avec des yeux d’ambre noir, fixes et profonds...! elle restait là nez contre nez, à m'hypnotiser de longues minutes sans mot dire, et me laissait pantois, somnambule d'un instant de ne pas percevoir le sens de son jeu silencieux. Son jeune frère, cousin, voisin ! peu importe au sein d’une famille africaine venait vers moi quand il me savait tranquille, serein et disponible. Timide et réservé, il me parlait de ses jeux, de l'école, de sa vie ! Il évoquait la rudesse de son instituteur dont la règle servait plus à taper ses doigts qu'a souligner ses fautes d’orthographe. Il me parlait de son envie d'apprendre et de sa passion pour l'histoire il en savait à ce sujet plus que moi-même qui finissais des études supérieures. Il était d'une tendresse infinie, empreinte de tristesse aussi car Il n’avait rien, ni chaussure, ni crayon c'était sans doute le plus pauvre de son école, mais sa soif d'apprendre était plus forte que les railleries de ses copains.
Le plus grand de la fratrie, un jour m'a offert un pigeon qu'il venait de tuer avec une pierre.
Fier comme d'un retour de chasse, il me l'offrit et nous l'avons dégusté le soir même. Tous ces enfants m’ont submergé en quelques jours partagés, d’une éternelle harmonie avec la terre africaine. Que d'émotions que de songer à tout cela.

Ils doivent être grands maintenant....c'était je crois en 1985 !
J'ai passé quelques jours dans cette famille, mais chaque seconde pèse en moi comme une multitude... d'émotions, de questions... de rares réponses Mais surtout avec l'apprentissage du respect que l’on doit à ce qui nous est étranger et qui se cache.... Derrière le masque !

- Alain Colomb

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