N57: La Mouette

MANUSCRIT N°57
La Magicienne
Enfant
LAUREAT

LA MOUETTE

Léon était un vieillard qui se rendait quotidiennement au restaurant. Pas n’importe lequel. Il se nommait la Mouette et se situait sur le bord de la Manche. Léon y allait car le style y était ancien, les tables étaient en bois, les murs étaient ornés de fleurs à cinq pétales et l’éclairage… L’éclairage n’était constitué que de bougies. De simples bougies. Ces dernières étaient toutes parfumées. 
Un soir, il y eut une coupure de courant à grande ampleur. Plus d'électricité, rien. Tous les habitants des environs se rendirent au restaurant pour profiter de la lumière. L’avantage des bougies était de pouvoir éclairer en permanence. Mais Léon, lui, était en chemin et il croisa Georges, le dirigeant de la Mouette, qui engagea la conversation. 
« Connais-tu l’origine de la coupure ? 
- Non, mais je sais qu’il y aura beaucoup de monde dans ton restaurant. 
- Oui . T’ai-je déjà raconté pourquoi mon restaurant a l’air vieux et, surtout, pourquoi l’éclairage n’est pas électrique ? 
- Il ne me semble pas, mais raconte au cas où. 
- Alors, cela date d’il y a une vingtaine d’années. A cette époque, je n’étais pas très riche. J’avais un bateau, le Cormoran et je traversais la Manche. Comme je ne pouvais pas le charger en électricité, j’avais décidé de faire installer une cheminée et pour l’éclairage, des bougies, comme aujourd’hui. Un jour, mon petit bateau de passeur se prit dans une tempête, et il heurta un autre bateau. Alors que l’autre navire avait déjà sombré dans les flots, le Cormoran commençait aussi à couler car il avait un trou dans sa coque. Avant qu'il ne soit trop tard, pour me faire repérer par les garde-côtes, j’allumai toutes mes bougies sur le pont de mon bateau. Ils me virent et vinrent me sauver des flots déchainés. Mes assurances me donnèrent de quoi racheter un nouveau bateau. Pour faire en sorte de ne plus couler, je le laissai à quai. En l’honneur du Cormoran, je le baptisai la Mouette. Comme il restait de toute façon à quai, je décidai d'en faire un restaurant. Et en l’honneur des bougies qui m'avaient sauvé, je décidai de les utiliser en guise d'unique éclairage. Voilà, tu connais toute l'histoire. 
- C'est une aventure bien émouvante. » 
Alors qu'ils arrivaient devant le bateau, ils remarquèrent la file d'attente à l'entrée du restaurant. 
« Tu avais raison, Léon, il y a beaucoup de monde ! Maintenant que tu connais toute l'histoire, accepterais-tu de m'aider pour le service ? » 
Au moment où Léon accepta la proposition, ils virent une mouette et un cormoran passer dans le ciel. 
- Martin Boulon-Raymond

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