N70: L'Homme qui se tait

MANUSCRIT N°70
L'Homme qui se tait
Adulte 

L'HOMME QUI SE TAIT

Lorsque l'enfant paraît, le monde autour de nous s'arrête de tourner. Il est là, il est arrivé à midi, c'est un vendredi. il est tellement beau, tellement parfait, ses yeux noirs qui s'ouvrent au monde. Regarde terorisé, las.
La puéricultrice dire, il est douloureux. Douleur pour elle. La sage femme dira, il s'est battu pour naître, un sacrée volonté, il a aidée... Déjà.
La sirène du SAMU, l'urgentiste grand, très grand, costaud, un sourire doux, le docteur Gueugnot je crois. La cage transparente, on l'emmène. Elle accepte sans mot dire. 
Déjà séparés, on le l'impose pas aux animaux, pourquoi lui, pourquoi moi.
Là-haut sur la colline l'hôpital Debrousse, lequel est le mien. Le plus gros à côté des petites crevettes de 600g.
Pour les mères, la même angoisse. on confie nos nouveaux nés à l'excellence du service  U4. On lui dit, il perdre peut être un morceau d'oreille... Elle pleure.
Il a la marque des forceps c'est bien le mien. On lui redit, il est douloureux... Dur dur la naissance. 
On n'en parlera pas. Silence. Pas les mots, pas les bons mots. Il ne se souviendra pas, ouf, si ce n'est cette trouille des prises de sang. Quant à elle, elle découvrira la solidarité  de toutes les mères qui se taisent et se regardent en silence. Le silence. 
- Véronique Batu

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Bienvenue sur le "Singe à Plume"

Ma musaraigne, par SamElsa Pivo