N80: My love Arthur
MANUSCRIT N°80
Récit et aventures d'un confiné
Adulte
MY LOVE ARTHUR
Amélie et sa femme venaient d’acheter une grande maison, plutôt vielle. Elles ne s’étaient
installées que depuis trois jours quand le confinement dut au coronavirus avait été annoncé.
Amélie était seule à la maison toute la journée, ne pouvant plus travailler. En revanche
Charlotte travaillait jour et nuit, elle était médecin dans un des plus grands hôpitaux de la
ville. Elle n’était donc presque jamais à la maison.
Amélie se retrouvait alors seule dans cette grande maison qu’elle ne connaissait pas encore
très bien. Au bout de trois jours à essayer tant bien que mal de faire marcher la connexion
internet, dans ce trou paumé, elle abandonna et décida, que, puisqu’elle n’avait rien d’autre à
faire, elle allait faire des travaux. Cette maison avait effectivement besoin d’un petit coup de
jeune. Le papier peint était décrépit à certains endroits, la peinture du plafond était craquelée
et le parquet avait besoin d’un bon coup de cirage.
Ce jour-là, en se levant, Amélie décida qu’elle allait enlever le papier peint dans le bureau.
Elle aurait pu en mettre un nouveau par-dessus, mais l’actuel partait en lambeau et la jeune
femme avait peur de ne pas réussir à le recouvrir correctement. C’est donc armée d’un produit
supposé aider à la dépose du papier peint et d’une spatule en métal, qu’elle commença à
travailler.
Elle découvrit, sous ce qu’elle venait juste d’enlever, que l’ancien propriétaire avait écrit
quelque chose.
« Si vous lisez ceci, sachez que je suis morte. En mourant j’ai laissé derrière moi un secret,
une invention terrible. C’est à cause de cette invention que je suis morte. Je n’ai pas envie que
quelqu’un d’autre devienne fou et meure à cause de ce que j’ai créé. Malheureusement je dois
prendre le risque. Je te confie la tâche, à toi, étranger, de détruire cette machine. Si tu te sens
assez fort, alors appuis trois fois au milieu de la rose qui est sculptée sur le manteau de la
cheminée. Bonne chance »
Des tas de questions tournèrent dans la tête d’Amélie. Qui était donc cette mystérieuse
femme ? Depuis combien de temps ce message était-il là-dessous ? Quelle était cette
invention mortelle ? Etait-ce vraiment dangereux ? Et surtout, était-ce une blague ?
Amélie vraiment perdue. Cette insinuait qu’il y avait une sorte de bouton caché sur la
cheminée. En plus de ça, tout cela avait vraiment l’air dangereux. Mais Amélie était curieuse
et elle n’avait pas grand-chose d’autre à faire. Elle se dit que de résoudre, même si il était
faux, serait beaucoup plus amusant que de faire des travaux.
Elle se dirigea donc vers le salon ou se trouvait la cheminée. Cette pièce était encombrée de
cartons pas encore déballés mais quelques meubles y étaient déjà installés. La jeune femme se
dirigea à gauche, où se trouvait la cheminée et l’observa attentivement. Le manteau était en
marbre blanc, ça devait sûrement être l’objet le plus coûteux de la maison, une rose était
effectivement finement sculptée en son centre.
Suivant les instructions du message, Amélie appuya au milieu de la rose, son doigt s’enfonça.
Cet endroit était donc bien un bouton caché ! Elle appuya deux nouvelles fois. Un clic se fit
entendre. Elle sursauta et vit qu’au-dessus de la rose s’était ouvert un petit compartiment. Elle
regarda à l’intérieur et y attrapa un carnet un peu abîmé par le temps, sur lequel était écrit
« My love Arthur » et une petite clé.
Elle ouvrit le carnet et y découvrit une photo. Celle-ci représentait une jeune femme et un
homme, ils ne devaient pas avoir plus de 20 ans. Au dos y était écrit :
« Bonjour. Je vois que tu as suivi mes instructions. Tu dois sûrement te demander qui est sur
la photo. C’est mon mari et moi, peu de temps après notre rencontre, il y a longtemps. J’ai
toujours aimé cette photo, elle était encadrée au-dessus de cette cheminée quand j’habitais ici.
En ce qui concerne mon secret, tous les indices sont dans ce carnet. Tout ce que tu as besoin
de savoir pour trouver mon invention et la raison pour laquelle je l’ai construite. Bonne
chance et ne t’y perds pas. »
Amélie feuilleta le carnet et se rendit compte que les pages étaient noircies d’écritures.
Soudain elle entendit un bruit de serrure : sa femme venait de rentrer. La jeune femme
abandonna le carnet sur la table et vient à sa rencontre.
Ce soir-là, à table, elle lui raconta sa drôle de journée. Sa femme l’écouta attentivement,
passionnée et intriguée, elle aussi, par cette histoire.
Cette nuit-là, alors que Charlotte s’endormit toute de suite, fatiguée par sa journée, Amélie ne
parvient pas à dormir. Elle décida de se réfugier au salon et commença à lire le carnet,
confortablement installée dans le canapé.
Ce carnet se révéla être un journal intime. L’auteure y racontait sa rencontre avec l’amour de
sa vie, Arthur, un anglais qu’elle avait rencontré lors d’un voyage. Elle y racontait leur vie
dans cette maison, ses expériences scientifiques. Mais un jour Arthur tomba terriblement
malade, d’une maladie inconnue, et mourut quelques mois plus tard. Sa femme ne se remis
jamais totalement de sa mort. Elle ne sortit plus de son lit pendant plusieurs semaines, puis
une idée lui vint à l’esprit : elle allait rejoindre son mari. Non pas en se laissant mourir comme
elle avait tout d’abord pensé le faire, mais en créant une machine lui permettant d’aller le voir.
Elle ne sortit plus de chez elle, travaillant avec acharnement, faisant des expériences toutes
plus dangereuses les unes que les autres. Et puis un jour, 15 ans après la mort d’Arthur, elle y
arriva enfin. Elle créa la machine parfaite, la machine qui lui ferait revoir son mari. Elle la mit
en route et après ça elle ne fut plus jamais la même. Elle passait son temps dans la machine,
ne mangeant presque plus, ne dormant presque plus. Un jour, elle faillit ne pas réussir à en
sortir. Elle créa alors cette petite chasse au trésor et disparu à tout jamais dans la machine.
Sur la toute dernière page du carnet il était écrit :
« Si tu veux toujours y aller, si tu veux toujours détruire cette machine, alors retire le
compartiment de la cheminée et fait tourner la clé dans la serrure. Tu auras besoin d’un mot
de passe, mais tu le connais déjà. »
Même si il était déjà passé minuit, Amélie se dirigea avec empressement jusqu’à la cheminée,
en séchant ses larmes qui avaient coulée durant sa lecture, retira le petit compartiment et
récupéra la clé. A l’endroit où se il se trouvait précédemment il y avait une serrure. La jeune
femme y inséra la clé la tourna. Un clic retentit de nouveau. Amélie s’éloigna alors de la
cheminée et vit, au sol, une trappe s’ouvrir. Elle alla chercher une lampe de poche dans l’un
des cartons et s’y engouffra.
Elle avança de quelques mètres et tomba sur une porte fermée par un boitier demandant un
code. Amélie réfléchit, dans le journal intime il était écrit qu’elle connaissait déjà le code,
pourtant elle n’y avait rien vu de semblable. Elle retourna le carnet dans tous les sens mais n’y
trouva rien de caché. Elle observa le boitier d’un peu plus près, se disant que la solution y
était peut-être, et vit qu’il était très classique, les chiffres y étaient placés normalement et les
lettres aussi.
Les lettres ! Il y avait des lettres sur le boitier, elle pouvait donc y inscrire un mot. Elle essaya
donc Arthur : 278482. Mais la porte ne s’ouvrit pas. Pourtant elle était sûre que ça allait
fonctionner. Désespérée, elle s’assit par terre en fixant le carnet, posé dans ses mains, comme
si il allait lui donner la solution. Elle relu ce qui était écrit dessus : « My love Arthur ».
Evidemment ! Cria-t-elle, en se levant. L’auteure écrivait souvent « My love Arthur » pour
parler de lui. Amélie entra donc 69 5683 278482 dans le boitier.
La porte s’ouvrit.
Amélie y entra, une lumière s’alluma, rendant inutile la lampe de poche. Une grande table, sur
laquelle étaient empilés des tas de papiers, était placée contre un mur. Au milieu de la pièce il
y avait une grande arche sur laquelle était accroché un papier.
« Voilà, c’est la fin. Je me rends compte que ce que j’ai créé ne peut pas être connu, je ne
peux pas être connue. J’ai créé quelque chose de dangereux, quelque chose qui défie les lois
de la nature. Je me suis perdue dans ma création et je ne veux que personne d’autre ne s’y
perde. S’il te plaît, détruis cette machine. Ne t’inquiète pas pour moi, je suis bien mieux là-bas
qu’ici. Adieu. »
Le lendemain Amélie détruisit la machine. Elle se promit aussi qu’un jour elle écrirait et
publierait l’histoire de cette femme. Ça ne risquait rien, après tout, personne ne la croirait si
elle disait que tout cela était vrai.
- Delphine Prat
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