N13: La clochette de l'étoile
MANUSCRIT N°13
Récits et aventures d’un confiné
Adulte
LA CLOCHETTE DE L'ETOILE
Je tape avec le bout de l’index sur la petite clochette de ma chambre. J’essaie de taper en rythme,
pour ne pas perdre les étoiles. Mes petites clochettes c’est leur métronome pour briller. Chaque
étoile qui allume sa veilleuse me salue, et je les salue en retour, et j’attends.
Cette petite clochette elle m’a été donnée par une étoile. Elle m’a dit que toutes les étoiles
naissaient avec une cloche entre leurs seins, et que la sienne, elle voulait que ce soit moi qui
l’aie. Je l’ai accroché sur une fleur, et les fleurs s’harmonisent sur elle en grandissant. Je regarde
les pétales incrustés dans la petite clochette, qui tangue et tousse.
Je tape parfois toute la nuit, et après je dois dormir quand les autres mangent, donc je me
décharne. Mais, souvent, un pied apparaît et je vois venir mon étoile, suspendue au vent.
J’arrête de tinter, et les criquets et les loups remplacent mon métronome. L’étoile me parle,
depuis la fenêtre, et je l’écoute. Elle me parle de sa ville, de sa veilleuse qu’elle a laissé toute
seule, sa vie, parfois elle me parle de poésie et d’amour. J’aime mieux quand elle me parle de
chair et de peau. Ma peau. Ces soir-là, j’ai l’impression que je pourrais lui dire d’entrer dans
ma chambre, mais elle ne veut pas. Elle a peur de laisser sa veilleuse toute seule trop longtemps,
d’oublier de l’éteindre et qu’elle grille.
Moi j’aimerais lui dire de venir dans ma chambre la journée, pour qu’elle n’oublie pas sa
veilleuse. Mais Mamicha ne le permettrait pas, je ne lui ai pas demandé mais ses rides me l’ont
dit.
Quand elle me laisse avec un sourire, qu’elle retourne à sa veilleuse, j’essaie de ne pas pleurer
pour ne pas faire rouiller la petite clochette. Je traîne mes jambes en pied de table jusqu’aux
draps, et je sombre malgré moi dans un monde sans étoiles.
- Samantha Volpi
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